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Héritiers de savoir-faire élaborés au fil des siècles, les métiers d'art véhiculent des valeurs d'excellence, de créativité, de technicité et de modernité. ils offrent, selon l'INMA (institut national des métiers d'art) «une palette de plus de 200 métiers répartis en 19 secteurs». Parmi eux, des relieurs, orfèvres, ébénistes, facteurs d'instruments, peintres en décor, etc.

En Isère, le secteur également hétérogène et difficile à définir reflète le constat national. Tentons une définition avec Christophe Berthier, maître verrier et Franck Michel, relieur et président de l'Union des Savoir-faire des Artisans des Métiers d'Art (USAMA)

Franck Michel - Relieur - Artizz - L'art et les manières

Franck Michel
Président de l'USAMA
Relieur à Grenoble

«Vous faites un métier formidable!» FRANCK MICHEL et CHRiSTOPHE BERTHIER s'amusent de l'enthousiasme suscité par la profession d'artisan d'art. Car s'ils reconnaissent un métier de passion, ils en savent les difficultés, l'énergie qu'il faut déployer pour en vivre et la nécessaire défense de la profession qu'ils organisent en Isère au sein de L'USAMA.

UNE DÉFINITION?

FRANCK MICHEL et CHRISTOPHE BERTHIER:
Les métiers d'art, c'est un grand tout ! On y trouve à la fois les notions de tradition, de patrimoine, de création et de transmission. Ces métiers qui viennent des arts décoratifs mettent en œuvre des savoir-faire complexes, traditionnels ou innovants, pour transformer la matière et ne produisent que des pièces uniques ou réalisées en petite série. Ils suscitent toujours du rêve car ils sont liés à l'art, mais ce sont avant tout des métiers d'expérience où le savoir-faire prime' souvent sur l'art.-ll faut en effet des années pour maîtriser un métier, acquérir un tour de main et travailler à l'adaptation très personnelle du geste !

LES QUALITÉS DE L'ARTISAN D'ART ?
F.M. ET C.B. : Elles sont multiples. Ce sont des métiers de passion mais il faut avoir la tête sur les épaules, montrer une vraie capacité à se remettre en question. Il faut aller vite, avoir des gestes sûrs et affirmés. C'est aussi un mélange de curiosité, de gourmandise, de rigueur, d'échange et de plaisir.

PATRIMOINE ET MODERNITÉ
F.M. ET C.B. : Nous travaillons à la fois pour la conservation et la restauration du patrimoine mais aussi dans le domaine de la création. Fabrique-t-on le patrimoine de demain ? On ne se pose pas vraiment la question. Nous sommes aux prises avec des questions d'évolution du métier, c'est sûr. Le meuble ancien par exemple ne vaut plus rien ou est trop cher. Les fournisseurs de matériaux liés aux techniques traditionnelles disparaissent. Le papier carbone n'existe plus aujourd'hui qu'en format A4, la colle de peau de lapin ou l'or battu du doreur deviennent de 
plus en plus difficile à trouver. Il faut s'adapter continuellement.

C.B. : Concernant le patrimoine, je crois que je me sens dans le continuum de l'objet, je le préserve, je lui permets de franchir une étape dans l'histoire humaine. Quant à la création, les commanditaires attendent une pérennité de l'œuvre, d'où pour moi la nécessité d'utiliser des méthodes ou matériaux restaurables. Un vitrail, ce n'est pas rien, c'est un bout d'éternité !

DES HISTOIRES UNIQUES. ENTRE CONSERVATION ET CRÉATION

F.M. :
Le travail que j'ai pu effectuer à la Bibliothèque nationale a été enrichi par celui de mon atelier de centre-ville où je m'occupe aussi du dictionnaire d'un grand-père, de livres liés à des histoires personnelles. Les choix qui sont faits à l'atelier (matériau, couleur...) participent à l'affect qui entoure la reliure. Si ma mission première est de réserver le contenu, la, réalisation (près de 50 étapes !) dépend ensuite du budget, de la culture et du goût des gens. Mon intérêt pour les matériaux insolites (plastique, pierre, métal, photographie...), alliés à l'utilisation des diverses techniques de reliure participent à faire évoluer ma démarche de création.


C.B. : Je crée la plupart du temps mes vitraux d'après des dessins personnels mais j'aime aussi collaborer avec d'autres artistes comme Rémy James, Joost Swaarte ou Arcabas. En terme de création, tout est possible. Je me rappelle avoir mis du temps à mes débuts, à comprendre l'audace de Jean Mauret, un de mes maîtres, qui ménageait des trous dans certains vitraux. Il conférait ainsi au vitrail un statut d'oeuvre picturale en niant les contingences aditionnelles de barrière contre les intempéries.

DES CLIENTS, DES COMMANDES. DES CONTRAINTES ET LA LIBERTÉ

C.B. :
On n'acquiert jamais vraiment la maîtrise complète de l'art. Quant à la liberté, c'est bien souvent par la contrainte de la commande qu'on y accède. Comment nous remplissons le carnet de commandes ? Nous surrveillons les appels d'offre mais nos clients arrivent le plus souvent sur recommandation. Aujourd'hui, il y a aussi 
Internet qui offre une vraie visibilité sur nos métiers même à l'étranger. 


POURQUOI L'USAMA ?
F.M. ET C.B. :
Les artisans d'art relèvent de statuts divers. Ils peuvent être répertoriés comme artisans à la Chambre des métiers, s'inscrire à la Maison des artistes ou s'installer comme profession libérale. Se fédérer, c'est essayer de 
trouver des valeurs, des problématiques et un vocabulaire communs. Le premier regroupement en Isère date de 1968. Il s'agissait de défendre certaines valeurs face au productivisme. Aujourd'hui, il faut démontrer une certaine 
idée du métier pour faire partie,de l'USAMA. Ensemble, nous nous attachons à préserver le patrimoine que constituent nos savoir-faire et défendons l'image de métiers d'excellence en prise avec leur temps. En partageant le plaisir que nous avons à les exercer, nous espérons convaincre les jeunes générations de reprendre le flambeau et le grand public à apprécier la haute valeur ajoutée de notre travail.

Dossier Patrimoine en Isère "Le Journal" numéro 24 du Conseil Général de l'Isère
www.isere-patrimoine.fr